CUATRO SONETOS DE AMOR (2002)

 

Quatre mélodies
Sur des poèmes chiliens de Pablo Neruda

I. No te amo

No te amo como si fueras rosa de sal, topacio
o flecha de claveles que propagan el fuego :
te amo como se aman ciertas cosas oscuras,
secretamente, entre la sombra y el alma.
Te amo como la planta que no florece y lleva
dentro de si, escondida, la luz de aquellas flores,
y gracias a tu amor vive oscuro en mi cuerpo
el apretado aroma que ascendio de la tierra.
Te amo sin saber como, ni cuando, ni donde,
te amo directamente sin problemas ni orgullo :
asi te amo porque no sé amar de otra manera,
sino asi de este modo en que no soy ni eres,
tan cerca que tu mano sobre mi pecho es mia,
tan cerca que si cierran tus ojos con mi sueño.

II. Sabras que no te amo  

Sabras que no te amo y que te amo
puesto que de dos modos es la vida,
la palabra es un ala del silencio,
el fuego tiene una mitad de frio.
Yo te amo para comenzar a amarte,
para recomenzar el infinito
y para no dejar de amarte nuanca :
por eso no te amo todavia.
Te amo y no te amo como si tuviera
en mis manos las llave de la dicha
y un incierto destino desdichado.
Mi amor tiene dos vidas para amarte.
Por eso te amo cuendo no te amo
y por eso te amo cuando te amo.

III. No te quiero  

No te quiero sino porque te quiero
y de quererte a no quererte llego
y de esperarte cuando no te espero
pasa mi corazon dal frio al fuego.
Te quiero solo porque a ti te quiero,
te odio sin fin, y odiandote te ruego,
y la medida de mi amor viajero
es no verte y amarte como un ciego.
Tal vez consumira la luz de enero,
su rayo cruel, mi corazon entero,
robandome la llave del sosiego.
En esta historia solo yo me muero
y moriré de amor porque te quiero,
porque te quiero, amor, a sangre y fuego.

IV. Cuando yo muera  

Cuando yo muera quiero tus manos en mis ojos :
quiero la luz y el trigo de tus manos amadas
pasar una vez mas sobre mi su frescura :
sentir la suavidad que cambio mi destino.
Quiero que vivas mientras yo, dormido, te espero,
quiero que tus oidos sigan oyendo el viento,
que huelas el aroma del mar que amamos juntos
y que sigas pisando la arena que pisamos.
Quiero que lo que amo siga vivo
y a te amé y canté sobre todas las cosas,
por eso sigue tu floreciendo, florida,
para que alcances todo lo que mi amor te ordena,
para que pasee mi sombra por tu pelo,
para que asi conozcan la razon de mi canto.

I. Je ne t'aime pas

Je ne t'aime pas telle une rose de sel,
topaze, œillets en flèche et propageant le feu :
comme on aime de certaines choses obscures,
c'est entre l'ombre et l'âme, en secret, que je t'aime.
Je t'aime comme la plante qui ne fleurit,
qui porte en soi, cachée, la clarté de ces fleurs,
et grâce à ton amour vit obscur en mon corps
le parfum rassemblé qui monta de la terre.
Je t'aime sans savoir comment, ni quand, ni d'où,
je t'aime sans détour, sans orgueil, sans problèmes :
Je t'aime ainsi, je ne sais aimer autrement,
Je t'aime ainsi, sans que je sois, sans que tu sois,
si près que ta main sur ma poitrine est à moi,
et si près que tes yeux se ferment quand je dors.

II. Sache que je ne t'aime pas

Sache que je ne t'aime pas et que je t'aime
puisque est double la façon d'être de la vie,
puisque la parole est une aile du silence,
et qu'il est dans le feu une moitié de froid.
Moi je t'aime afin de commencer à t'aimer,
afin de pouvoir recommencer l'infini
et pour que jamais je ne cesse de t'aimer :
c'est pour cela que je ne t'aime pas encore.
Je t'aime et je ne t'aime pas, c'est comme si
j'avais entre mes deux mains les clés du bonheur
et un infortuné, un incertain destin.
Mon amour a deux existences pour t'aimer.
Pour cela je t'aime quand je ne t'aime pas
et c'est pour cela que je t'aime quand je t'aime.

III. Je ne t'aime pas  

Je t'aime parce que je t'aime et voilà tout
et de t'aimer j'en arrive à ne pas t'aimer
et de t'attendre alors que je ne t'attends plus
mon cœur peut en passer du froid à la brûlure.
Je ne t'aime que parce que c'est toi que j'aime
et je te hais sans fin, te hais et te supplie,
et la mesure de mon amour voyageur
est de ne pas te voir, de t'aimer en aveugle.
Et si, lumière de janvier, tu consumais
ton rayon cruel, et mon cœur tout entier,
me dérobant la clef de la tranquillité ?
En cette histoire je n'arrive qu'à mourir
et si je meurs d'amour, c'est parce que je t'aime,
parce qu'amour, je t'aime, et à feu et à sang.

IV. À ma mort  

À ma mort tu mettras tes deux mains sur mes yeux,
et que le blé des mains aimées, que leur lumière
encore un coup sur moi étendent leur fraîcheur,
pour sentir la douceur qui changea mon destin.
À t'attendre endormi, moi je veux que tu vives,
et que ton oreille entende toujours le vent,
que tu sentes le parfum aimé de la mer,
et marches toujours sur le sable où nous marchâmes.
Ce que j'aime, je veux qu'il continue à vivre,
toi que j'aimais, que je chantais par-dessus tout,
pour cela, ma fleurie, continue à fleurir,
pour atteindre ce que mon amour t'ordonna,
pour que sur tes cheveux se promène mon ombre,
et pour que soit connue la raison de mon chant.